Bilan Valorant 2021 – Partie 2 : Professionnalisation
Cet article est la seconde moitié de notre bilan 2021 de Valorant. Elle fait suite à la première partie, Stabilisation.
En 2020, la communauté a beaucoup expérimenté le potentiel de Valorant en tant que jeu esport. Nous avons vu de nombreux tournois aux formats différents, organisés par diverses structures. Fort de ces enseignements, Riot Games a lancé la première édition de son circuit international, sans pour autant oublier de soutenir les compétitions à plus petite échelle. On a assisté à l’ascension fulgurante de certaines équipes et certains joueurs, mais aussi à leurs chutes vertigineuses. Tout cela dans un contexte de pandémie mondiale On fait le point sur les grands moments de l’esport Valorant en 2021.
Le premier Valorant Champions Tour
Après les Ignition Series et le Valorant First Strike, Riot Games a décidé de réunir les points forts des deux événements pour créer son circuit officiel : le Valorant Champions Tour.
Le Valorant Champions Tour a été lancé pour satisfaire aussi bien les joueurs que les spectateurs de Valorant. Les joueurs ont l’assurance de pouvoir participer à des tournois ouverts réguliers, quelque soit leur niveau. Pour les meilleurs d’entre-eux, ils peuvent même prétendre à un cash prize et potentiellement se faire repérer pour intégrer des grandes structures. Pour les spectateurs, des tournois réguliers signifient des streams réguliers ! A la manière des LCS pour League of Legends, le VCT permet à Valorant d’exister dans le paysage esportif de Twitch, tout au long de l’année.

Si tout cela est bien beau sur le papier, les débuts du Champions Tour ont été plutôt compliqués. Les joueurs comme le public ont eu énormément de mal à saisir le format de la compétition. Il faut dire qu’elle était divisée en 3 phases, elles-mêmes divisées en 3 à 4 étapes, ayant les mêmes noms dans toutes les régions du monde, alors qu’elles avaient un format et des règles différentes. Au départ, le Challengers 1 permettait de se qualifier au Challengers 2 tandis que le Challengers 2 permettait de se qualifier au Masters 1 et les perdants se qualifiaient pour le Challengers 3. Au sein d’une même région, certains Challengers se jouaient en BO1, d’autres en BO3; certains avaient des loser-bracket, d’autres non. Tout cela était extrêmement difficile à suivre, surtout en Europe.
Il aura fallu de nombreux ajustements afin d’harmoniser le circuit, tout en prenant en compte les spécificités de chaque région. Tout n’est pas encore parfait aujourd’hui, mais la troisième phase du VCT était bien plus digeste, et d’autres mesures sont attendues en 2022.
Les premières Légendes
De très nombreux joueurs et leurs équipes ont marqué le premier VCT de leur empreinte. Ils ont participé au storytelling indispensable pour ancrer un jeu esport dans les mémoires. Entre success–story et échecs cuisants, ces histoires ont renversé les attentes des fans.
Le joueur de l’année est immanquablement TenZ. Il est celui qui a incarné Valorant toute cette année, à l’image d’un Ninja pour Fortnite ou d’un Faker pour League of Legends. Qu’importe s’il remporte ou non l’ultime compétition, c’est son parcours et son histoire qui auront tenu en haleine les fans du jeu. De sa retraite prématurée de la compétition, à son retour en tant que remplaçant pour une autre équipe que la sienne avant le recrutement le plus cher de la jeune histoire de Valorant, tout ça en remportant deux Valorant Masters dans la foulée, dont le premier tournoi mondial du jeu. En l’espace de quelques mois, les événements et les symboles se sont enchaînés pour le jeune joueur.

Pourtant, lui et son équipe n’ont pas réussi à tenir la longueur. Quand une légende perd, c’est qu’une autre légende lui succède… ou reprend sa place. Les Sentinels ont en effet été vaincus par les anciens rois d’Europe, G2 Esports. Ces derniers ont également été surclassés très rapidement par une autre équipe, etc. L’esport de Valorant bénéficie déjà d’un vivier d’histoires et de retournements de situations, comme un feuilleton à suivre régulièrement.
La dernière d’entre-elles est bien entendu celle d’Acend. Les vainqueurs du Masters 1 Europe ont eu beaucoup de mal à se maintenir tout au long du VCT. Ils ont finalement réussi à se qualifier au Valorant Champions, pour se faire éliminer au cours de la phase de groupe. Mais c’était sans compter une décision d’arbitrage qui a permis de rejouer une map quelques jours après leur élimination. Acend s’est finalement imposé et a continué à gravir les échelons jusqu’au sommet. Ils sont devenu les premiers champions du monde de Valorant.
Des circuits alternatifs
Le Valorant Champions Tour n’est cependant pas le seul circuit compétitif officiel. Des compétitions nationales ont également vu le jour, à l’image du Valorant Open Tour France que Mandatory a eu le plaisir de co-organiser cette année. Ces circuits présentent tous les avantages du VCT, mais à une échelle plus petite. Ils mettent en avant les meilleurs joueurs du pays et permettent à des petites équipes sans prétentions internationales de tout de même tester leur niveau, voire prétendre à un cash prize.
L’autre circuit notable inauguré en 2021, c’est le Valorant Game Changers. Ces tournois ont pour vocation de créer des environnements compétitifs sûrs afin de mettre en avant les joueuses de Valorant. Le projet a été lancé aux Etats-Unis en début d’année avant de s’ouvrir dans d’autres régions, comme l’Europe. Il est question de rendre ce tournoi mixte à l’avenir, afin d’achever l’intégration des femmes au paysage esportif.
Un engouement mitigé
Avec autant de compétitions et de matchs, il y a quasiment toujours de l’esport Valorant à regarder sur Twitch ! On note néanmoins de grandes différences de réception entre les différentes régions. Si Valorant est un carton plein aux Etats-Unis et en Amérique Latine, il a beaucoup plus de mal à se faire une place en Europe.
Outre-Atlantique, le jeu profite d’une énorme exposition grâce à des streamers de premier plan extrêmement investis. Shroud et Pokimane jouent extrêmement régulièrement à Valorant, mais ils regardent et commentent également les différentes compétitions sur leurs streams respectifs. Il n’est pas rare que le stream de Shroud comptabilise plus de spectateurs que le stream officiel, les fans de Valorant préférant suivre la compétition dans un cadre un peu moins formel, dans des sortes de watch-parties.
Malheureusement, un tel dispositif est compliqué à mettre en place en Europe. En effet, le vieux continent étant constitué de nombreux pays bien différents, les droits de diffusion sont bien plus difficiles à négocier et départager. Des efforts ont cependant été fait dans les derniers mois et on a pu assister à différentes watch-parties en Europe pour les championnats du monde.
En tout cas, tout est déjà là pour faire de Valorant un jeu aussi passionnant à suivre que League of Legends. Il manque peut-être juste une petite étincelle dans certaines régions du globe.
Ce que nous réserve 2022
Après ce coup d’essai réussi, Riot Games compte bien perfectionner sa formule en 2022. On sait d’ores et déjà que le VCT sera plus court, surchargeant un peu moins le calendrier des joueurs comme des spectateurs. On aura donc droit à 8 mois de compétition plutôt que 12, une des phases ayant été supprimée. Le circuit débutera en février et le prochain championnat du monde aura lieu en Septembre 2022.
Les mois qui suivront auront pour vocation d’expérimenter de nouveaux formats, à la manière des Ignition Series, et de mettre en avant des compétitions d’envergures différentes.
On sait déjà que le Valorant Open Tour France laissera sa place à une véritable ligue nationale, le Valorant Regional League (VRL). Les différents pays d’Europe et du monde vont chacun avoir un circuit local permettant de mettre en avant les talents régionaux. Reste à savoir exactement quelles formes prendront ces ligues, leur calendrier et si les équipes seront franchisées ou non.
Quoi qu’il en soit, 2022 promet d’être riche en émotions !