Rencontre avec Féfé, le nouveau Coach de l’équipe Valorant de Mandatory
Après avoir démontré son savoir-faire auprès d’équipes de la Fédération françaises de basketball, Féfé a embrassé le monde de l’esport. Fondateur de la Team Peps et coach sur Overwatch, il s’attaque aujourd’hui à Valorant en rejoignant Mandatory aux côtés de Crea^. Passionné, le nouveau coach de l’équipe donnera tout ce qu’il a pour mener HyP, Goaster, TheBigFiz, SoOn et AKUMAAAAA vers de nouveaux sommets.
Du basket à Valorant, en passant par l’Overwatch League
Mandatory : Salut Féfé, est-ce que tu peux te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?
Féfé : Je m’appelle Féfé. Je suis le nouveau coach de Mandatory sur Valorant. A la base, j’ai fait des études de kinésithérapie, puis un Master de préparation physique et mentale du sportif professionnel. Initialement, je travaillais donc dans le milieu du basketball. Après cinq années, j’ai fait la transition dans l’esport avec Overwatch, jeu sur lequel j’ai coaché en Championnat d’Europe et en Overwatch League.

Mandatory : Qu’est-ce qui t’a motivé à passer d’Overwatch à Valorant ?
Féfé : J’ai choisi de reprendre le coaching à la suite d’une pause dans ma carrière de coach sur Overwatch. Cela faisait deux ans que je regardais des compétitions sur Valorant. J’avais visionné plusieurs centaines d’heures de jeu au travers des VODs. Et la compétition me manquait vraiment. Lorsque l’opportunité s’est présentée de reprendre du service avec Mandatory – aux côtés des personnes que je connaissais et que j’apprécie – j’ai senti que c’était le bon moment de revenir.
Un coach passionné pour son métier
Mandatory : Tu es plutôt quel type de coach ? Passionné ? Exigeant ? Chill ? Dis nous tout !
Féfé : Ma philosophie de coaching tourne autour de plusieurs axes. J’aime bien poser un cadre de travail dans lequel tout le monde se donne à 100% pendant les temps dédiés, mais avec des phases de récupération plus tranquilles. C’est aussi important pour moi la discipline.
Par ailleurs, j’insiste sur le développement personnel des joueurs. J’aime beaucoup mettre en place des temps pour qu’ils puissent se développer personnellement, que ce soit accompagné d’un coach ou tout seul. J’apprécie les responsabiliser pour qu’ils soient eux-mêmes acteurs de leur développement, et non pas qu’ils attendent du coach qu’il fasse tout.
Finalement, le but est presque de faire en sorte que le coach devienne inutile. J’entends par là que, à terme, le joueur pourra se dire de lui-même “je me développe, j’ai ma routine de joueur professionnel, je sais ce que j’ai à faire pour m’améliorer”. Je les guide pour qu’ils acquièrent des automatismes qui l’aideront à progresser naturellement sans mon intervention.
Mandatory : Est-ce que tu peux nous citer tes trois meilleures qualités en tant que coach ?
Féfé : Je dirais d’abord que je travaille beaucoup ! Ensuite, que je suis quelqu’un de très transparent, très franc. Je dis beaucoup les choses, et tout le temps. Dans mon équipe, j’ai envie d’instaurer une sorte de safe zone, un temps durant lequel tout le monde peut tout se dire, quitte à dire des choses qui peuvent déplaire. Je pars du principe que si c’est dans l’intérêt de l’équipe, on discute tous ensemble et ça permet d’éviter les non-dits qui s’éternisent et qui peuvent nuire au groupe à long terme. Pour finir, je dirais que je suis assez bon dans la gestion mentale et motivationnelle, de sorte à toujours faire travailler les joueurs à 100%.
Mandatory : Quand tu arrives dans une équipe, c’est quoi la première chose que tu vas faire en tant que coach ?
Féfé : Quand je rejoins une équipe, je me place d’abord en observateur ; d’autant plus lorsqu’il s’agit d’une nouvelle équipe, et qu’il y a déjà une dynamique entre les joueurs et les coachs. Ça me permet de déterminer quels sont les points faibles et les axes d’amélioration. Le but n’est pas d’imposer mon style, mais bien de m’adapter. Chaque équipe à ses propres points faibles et ses propres points forts. Je souhaite être un support à la performance. Je ne cherche pas à faire ce que j’ai envie de faire, mais à faire ce qui est le mieux pour l’équipe.
Mandatory : Est-ce que tu joues à Valorant ? Selon toi, le coach doit-il obligatoirement être doué techniquement sur le jeu ?
Féfé : Je joue rarement au jeu sur lesquels je coach, quasiment jamais pour être tout à fait franc. Je préfère passer du temps à regarder les VODs disponibles, ainsi que des matchs. Je regarde les compositions d’autres équipes et leurs façosn de jouer. J’analyse beaucoup. Je privilégie ces activités plutôt que de faire des parties classées et d’apprendre à cliquer pour mettre des têtes, parce que je pense que c’est là où je suis le plus utile. D’ailleurs, j’estime que si un coach a un rang trop élevé à chaque saison, c’est peut-être parce qu’il passe trop de temps à jouer et pas assez à regarder des matchs.
Pour ce qui est de la technique du coach en jeu. Je dirais que c’est intéressant d’avoir des profils d’anciens joueurs en tant que coach, parce que ça donne une forme de crédibilité auprès des membres de l’équipe – ils se disent qu’il sait reproduire ce qu’il peut attendre d’eux et que ça peut aussi lui permettre de mieux comprendre certains aspects du jeu – pour autant, ce n’est pas une obligation. Selon moi, cela dépend du profil du coach. En fait, jouer ou avoir joué permet au coach d’apporter certains aspects intéressants, mais celui qui ne joue pas en apportera d’autres différents, mais tout aussi intéressants.
Une nouvelle aventure pour toute l’équipe Mandatory
Mandatory : Pourquoi as-tu choisi de rejoindre Mandatory ?
Féfé : Pourquoi avoir choisi Mandatory ? Tout d’abord parce qu’il s’agit d’un club local. L’une des raisons pour lesquelles j’avais arrêté le coaching sur Overwatch réside dans le fait que je devais vivre aux Etats-Unis constamment. Je suis moi-même de Montpellier, alors ça me faisait très plaisir de pouvoir travailler directement depuis ma ville sans devoir partir à l’étranger. En plus de cela, Mandatory, dispose d’une équipe composée de joueurs français. Certes, les joueurs français sont parfois un peu hargneux, mais c’est justement le style que j’aime prendre en main.
Par ailleurs, c’est un club dans lequel il y avait des personnalités que je connaissais, notamment HyP, que j’ai eu l’opportunité de coacher par le passé sur Overwatch. L’envie de retravailler avec lui et de reprendre la compétition m’ont beaucoup aidé dans ma décision. Mais ce n’est pas tout. Le fait que ce soit un club qui se développe et qui a de vraies ambitions, c’est aussi quelque chose qui m’a intéressé d’un point de vue sportif.
Mandatory : Tu as indiqué avoir déjà travaillé avec HyP à l’époque d’Overwatch. Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus ? Est-ce que ça te fait plaisir de le retrouver sur un autre jeu qu’Overwatch ?
Féfé : Effectivement, j’ai déjà travaillé avec HyP lorsque j’évoluais sur Overwatch. J’ai eu l’occasion de le coacher en Championnat d’Europe en 2018. D’ailleurs, on a gagné les Championnats ensemble. Ensuite, j’ai de nouveau travailler avec lui au sein de l’équipe Paris Eternal, qui était en Overwatch League.
Je suis très content de le retrouver. C’est un joueur qui a beaucoup de leadership, c’est un bon in-game leader et un gros bosseur. En outre, c’est quelqu’un avec qui je m’entends bien humainement. On s’est aussi côtoyés en dehors du travail, alors on retrouve un peu les limites d’une relation professionnelle, mais je suis très heureux de retravailler avec lui. Je pense que c’est un très bon joueur sur Valorant, qui a une excellente connaissance du jeu, ce qui sera indéniablement une force pour notre équipe cette année encore.
Mandatory : Dorénavant, les joueurs seront quasiment tout le temps en bootcamp dans les locaux de Montpellier. Est-ce que cela t’aide dans la gestion de l’équipe ? Est-ce bénéfique d’après toi ?
Féfé : Le fait que les joueurs soient tous ensemble dans un même espace, c’est bénéfique sur le long terme. Je viens du sport traditionnel et c’est vrai que ça se passe toujours comme ça. En fait, cela a de nombreux avantages.
Ça simplifie les discussions, notamment pour les échanges traitant des non-dits, que je mentionnais tout à l’heure. Par ailleurs, ça permet de créer du lien plus facilement entre les joueurs. Au-delà de cet aspect, le bootcamp habitue aussi les joueurs aux conditions des compétitions de haut niveau, durant lesquelles ils sont les uns à côté des autres. Là, ils s’entendent crier directement, et non plus simplement au travers du casque. C’est une toute autre ambiance.
Cela va demander un peu d’adaptation au début, puisqu’on change de conditions, de cadre et pour certains, un peu de vie. Ce n’est pas toujours évident, mais dans le but de devenir une top équipe, c’est important.
Mandatory : Comment se passe ta collaboration avec Crea^?
Féfé : J’aime beaucoup travailler avec Crea^. On a longuement discuté avant que je ne rejoigne l’équipe. C’était important pour moi qu’on soit tous les deux sur la même longueur d’onde sur la façon dont on a envie de travailler, que ce soit au niveau du cadre, d’un point de vue extérieur au jeu ou dans le jeu. C’est un ancien joueur. Il a une très bonne vision de jeu et une très bonne compréhension de celui-ci. On cherche ainsi à se reposer sur les points forts des uns et des autres.
On fait des réunions tous les jours pour déterminer les objectifs de la journée, et ce sur quoi il va falloir travailler (maps, stratégies…), mais aussi pour trouver une entente sur la manière de gérer des situations particulières, par exemple pour expliquer à un joueur comment il peut éviter de répéter certaines erreurs.
En somme, on est beaucoup dans la collaboration avec Crea^, j’apprécie travailler avec lui et j’espère que cela va continuer ainsi. On essaie d’être le plus complémentaire possible.
Mandatory : Comme tu l’as évoqué précédemment, tu as fait une formation en préparation physique et mentale. Est-ce que c’est quelque chose que tu vas essayer d’intégrer à ton coaching pour Mandatory ?
Féfé : Oui, je vais essayer d’intégrer un petit peu mon background dans le sport traditionnel – que ce soit l’aspect d’encadrement des joueurs d’un point de vue mental ou bien physique. Je pense que c’est intéressant de sortir un peu du prisme du jeu et de rentrer dans tout ce qui va être extérieur à Valorant. Il y a pas mal d’études scientifiques qui montrent l’impact du physique ou du mental sur les performances, indirectement et même directement.
L’idée sera d’intégrer cet aspect dans l’entraînement de l’équipe, mais toujours avec l’objectif que les joueurs prennent pleinement part à ce projet, pour qu’ils développent leur propre routine et leurs propres rituels de préparation mentale pour augmenter leur niveau d’activation – c’est-à-dire qu’ils soient dans la zone lorsqu’ils jouent. Il va y avoir du travail là-dessus.
Mandatory : On imagine que tu ne vas pas les forcer à aller à la salle tous les jours haha ?
Féfé : Non, on ne va pas les forcer à faire du sport. Toutefois, cela fait aussi partie des choses qui peuvent aider certains joueurs à se décharger mentalement ou à développer leur estime de soi et leur condition physique. Il y a malheureusement des joueurs qui sont obligés de s’arrêter en raison de problèmes de dos ou de microtraumatismes au niveau des poignets. L’activité physique peut donc permettre d’éviter ce genre de problème. Ca ne sera pas la majorité de notre travail, mais ça en fait partie. C’est ce qu’on appelle l’optimisation de la performance.
Mandatory : Donne-nous ton avis d’expert. A l’heure actuelle, quelles sont les forces et les faiblesses de l’équipe ?
Féfé : Je dirais que la principale faiblesse de l’équipe résidait dans le fait qu’il y avait un certain manque de discipline in-game. Ca se traduisait par le fait que les joueurs avaient besoin de se reposer sur leurs individualités à pas mal de moments, parce qu’on veut tenter un move, ou pousser un peu trop loin par exemple. Finalement, alors que le travail était fait, et qu’ils disposaient d’un bel avantage, ils se retrouvaient souvent en situation clutch.
Il a donc fallu instaurer un cadre dans le jeu et retravailler les fondamentaux. Ce qui était un point faible jusqu’ici devient de plus en plus un point fort. On a de meilleurs fondamentaux et on respecte plus les espaces et la prise d’espace. Je ne peux pas entrer dans davantage de détails, mais globalement, on a beaucoup travaillé là-dessus. C’est va dans le bon sens.
En ce qui concerne les points forts, je noterai que ce sont de bons gars et qu’ils sont tous prêts à travailler dur. Et puis, il y a une vraie entente entre les joueurs et ils ont tous les mêmes ambitions, notamment d’aller le plus loin possible !
Gagner, s’amuser et proposer du beau jeu
Mandatory : En parlant d’ambitions, quel est ton objectif avec Mandatory ?
Féfé : Quand on m’a présenté le projet, on m’a dit que le but était de gagner le plus possible. C’est une compétition. Je ne rentre jamais dans une compétition en pensant que je veux terminer deuxièmes ou troisièmes, je garde toujours à l’esprit que l’on va terminer premiers. On verra jusqu’où on sera capable d’aller et ce que l’on pourra faire, mais on va dire que l’objectif est bien de gagner le plus possible.
Mandatory : Est-ce que tu as quelque chose à dire à la communauté ?
Féfé : J’espère que vous serez satisfaits de ma venue dans le club. Je vais faire mon maximum pour faire en sorte que l’équipe progresse, que chaque joueur progresse individuellement, et que collectivement on puisse proposer du beau jeu et obtenir de bons résultats. Merci pour le soutien que vous donnez aux joueurs. Ils en ont besoin quotidiennement. Continuez de les soutenir, c’est qui les fait avancer et qu’ils travaillent toujours aussi dur.